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Dimitri Pottier (RUBIKA Design 2020) : Moto Designer 2.0

Par Charlie Lecach pour Freeway Magazine – Illustrations Dimitri Pottier

« Avant d’entamer une réelle carrière de designer industriel, il faut faire ses preuves. C’est dans cette démarche que le jeune Dimitri Pottier a conçu quelques prototypes virtuels Harley ou Indian, mais pas que. Des projets très aboutis qui devraient, à terme, convaincre les employeurs potentiels.

Aux designers bien formés, la valeur n’attend point le nombre des années! De nos jours, Pierre Corneille aurait sans doute déclaré la même chose, à propos de Dimitri Pottier, que ce qu’il fait exprimer, à quelques mots près, au personnage de Rodrigue dans “Le Cid”. Il faut dire que nous autres “vieux de la vieille” de la rédaction, avons été impressionnés par le travail de Dimitri, tout juste 25 printemps et fraîchement diplômé de RUBIKA Design à Valenciennes (avec mention!).

Dans cette école, on lui a bien sûr enseigné les bases du métier, mais son expérience s’est encore affinée et forgée au cours de deux stages. L’un chez Peugeot Motocycle pendant cinq mois. Un autre pendant sept mois chez Indian Motorcycle, dans leur studio de design en Suisse. Visiblement satisfaits de son boulot, les responsables n’ont pas hésité à l’envoyer œuvrer pendant un mois au siège de Polaris dans le Minnesota, au moment où Ola Stenegärd avait commencé lui aussi de prendre assez récemment ses fonctions. Pour le compte d’Indian, Dimitri Pottier a conçu un prototype en CAD de véhicule électrique. Plus précisément un flat tracker à batterie aux lignes asymétriques, car destiné à un usage bien spécifique. Le genre d’engin qui ne prend que des virages à gauche, et sur lequel les pilotes agrippent généralement le flanc gauche du réservoir en lâchant le guidon, pour gagner un peu de vitesse en ligne droite. Dimitri a prévu le coup, de même qu’il a imaginé un bras oscillant renforcé avec suspension monoshock. Et bien sûr un jeu de Number Plates #51, ce numéro rendant hommage à Bill Tuman, dernier pilote Indian à avoir remporté un championnat national de l’AMA en 1953. Autre marque, autre hommage, celui rendu à la VR1000 de 1994, malgré son absence de brillant palmarès à l’époque. Disons que ce racer a eu au moins le mérite de faire entrer Harley-Davidson dans l’ère du refroidissement liquide, puis du V-Rod.

Le challenge que Dimitri Pottier s’est imposé consistait donc à revisiter ce bolide, mais avec la technologie de la Pan America et quelques éléments de style et de partie cycle empruntés à la LiveWire. Sur cette hypothétique “VR1000R”, on retrouve un peu de l’ADN de la marque au Bar & Shield, ceci en dépit du fait que ce type de machine sportive n’est pas franchement inscrit dans son registre habituel. Puisqu’il faut bien partir de quelque chose, Dimitri a repris l’empattement, les proportions et les tailles de roues de la Honda CB1000RR-R. Il a ensuite imaginé un châssis à structure aluminium avec mono amortisseur sous la selle, fourche inversée et freinage Brembo, les nouveaux standards de la marque. Au milieu de tout ça, prend place un V-Twin “à eau” calqué sur celui de la nouvelle Harley offroad, et en grande partie masqué par un carénage racing à la VR1000. Avec des écopes latérales inspirées justement de cette moto de course, ainsi qu’un système de prise d’air frontale qui renvoie le flux vers le moteur. Plus qu’un CV faisant état de son “Master en design industriel et management”, ces deux créations viennent s’ajouter à d’autres concepts de scooters, tricycles, racers et même ski- doo, qui pourraient convaincre un constructeur et futur employeur potentiel.

Le travail de Dimitri est à découvrir sur son compte Instagram, sous le nom de “Demedrawn”. Ouvert à tout, le jeune designer est très conscient d’une chose: son avenir ne se jouera pas forcément en France, où il n’existe pas de grosse industrie de la moto hormis Peugeot et ses scooters, ou bien Brough Superior et ses machines exclusives et totalement hors normes. En revanche, un poste dans le Minnesota ou dans le Wisconsin ne le dérangerait sans doute pas le moins du monde ! »