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Bastien Dubois (RUBIKA Animation 2011), primé aux Etats-Unis pour « Souvenir Souvenir »

Bastien Dubois (RUBIKA Animation 2006) a remporté un prix au festival américain Sundance en février pour son court-métrage d’animation Souvenir Souvenir ; un récit personnel sur son grand-père et la guerre d’Algérie.

Le résultat est un récit réussi construit autour d’une mise en abyme qui habille un propos très personnel : le court-métrage raconte comment l’auteur, à plusieurs moments de sa vie, essaye de faire parler son grand-père, mutique, sur la guerre d’Algérie à laquelle il a participé. Sans pour autant y arriver.

Ce désir de raconter cette histoire de la vie de mon grand-père m’habite depuis que je suis très jeune. Il y a eu plusieurs tentatives pour produire quelque chose et c’était une excuse pour rentrer en communication avec lui.

Recompensé à Sundance et à Clermont-Ferrand

« Quand j’ai réalisé que le cheminement était plus intéressant que l’histoire en elle-même, ça a été un déclic », analyse-t-il. Le projet et son développement ont pris du temps : à 37 ans, le Nordiste désormais Parisien n’est pas un bleu, c’est même son cinquième court-métrage (après Ah, Madagascar, Portraits de voyages et Cargo cult).

Bastien a grandit à Don (Nord). Le contexte familial lui donne très vite l’opportuinité de prendre la température du dessin. Il étudie ensuite à RUBIKA où il apprend à « fabriquer de l’image ». Il travaille ensuite quelques mois à Ankama, une société nordiste éditrice des très populaires jeux en ligne Dofus et Wakfu.

Souvenir Souvenir a démarré il y a des années et ressemble au projet d’une vie, en tout cas d’une jeunesse. « Ce désir de raconter cette histoire de la vie de mon grand-père m’habite depuis que je suis très jeune. Il y a eu plusieurs tentatives pour produire quelque chose et c’était une excuse pour rentrer en communication avec lui », exprime-t-il avec ses yeux clairs qui, plus que ses lunettes, habillent son crâne sans cheveux.

 

Ces dessins représentent la vie de son grand-père en Algérie. • © Bastien Dubois / DR

 

Cette longueur dans le temps de la production a pesé sur les collaborations artistiques qui ont jalonné le court-métrage. « Comme le projet était parfois en stand-by, je ne pouvais pas payer mes collaborateurs à m’attendre. Et une fois que j’étais prêt, ils étaient parfois occupés. Il y a eu donc beaucoup de monde mais pas forcément sur la longueur ». Durée maximum de la collaboration : trois mois.

Souvenir Souvenir est un court-métrage aux couleurs sombres dans lequel cohabitent deux univers : l’un, à la façon d’un cartoon, pour les séquences qui imaginent la vie de son grand-père en Algérie, et l’autre, pour raconter la vie en France, illustré par un trait plus diffus et plus adulte.

Le film a plu dans les milieux concernés : le festival Sundance, à Park City dans l’Utah, lui a décerné le prix du jury de la meilleure animation. Celui du court-métrage de Clermont-Ferrand l’a récompensé du prix du meilleur film d’animation francophone SACD. Il s’en réjouit : « les récompenses en appellent d’autres, il y a un effet boule de neige. Cela donne aussi plus de chance au public de tomber sur mon film. Et, pour financer les prochains, l’accompagnement sera plus facile. »

 

La vie en France est dessinée par des couleurs sombres. • © Bastien Dubois / DR

 

Un premier long-métrage en développement

Dans sa famille de taiseux, Souvenir Souvenir a également été très bien accueilli. Ouf. « C’était éprouvant et j’en suis sorti lessivé. Je me suis demandé si j’allais être capable de faire un film après ».

Réponse, Bastien travaille actuellement avec une autre auteure, Julie Nobelen, sur son premier long-métrage à propos de la journaliste russe Anna Politkovskaia, assassinée en 2006. Elle s’était notamment engagée dans le conflit entre la Russie et la Tchétchénie. Bastien Dubois y voit un écho avec son dernier projet : « l’Algérie et la Tchétchénie sont deux petits pays au sud d’un empire colonial et qui réclament leur indépendance. La population est majoritairement de confession musulmane avec des enjeux pétroliers ».

Désormais, entre chaque projet personnel, il travaille pour la publicité, un compromis financier et mental : « je pourrais vivre uniquement de mes courts-métrages à condition de faire des choix artistiques plus limités, plus simples et plus rapides. C’est aussi éprouvant personnellement de réaliser des projets personnels. Le travail de commande, c’est aussi une façon de souffler ». Un souffle qu’il reprend dans ses pénates établis depuis plus de 10 ans à Paris, dans le quartier de Belleville. Pour monter dans son atelier, il faut grimper une échelle. C’est là-haut désormais qu’il se sent bien.

 

© Martin Fort / France télévisions